Marie Odile BRAUN nous livre ses impressions de lecture :

Le 28 Mai nous avons enfin pu nous réunir en présentiel pour débattre de notre lecture entamée juste avant le 1 er confinement : « Las dos Orillas » de Carlos Fuentes .Certains n’ont pas pu venir pour diverses raisons… comme l’envie d’aller un peu s’aérer … ce qui est bien légitime .Voici donc un petit aperçu de notre rencontre :

L’auteur Carlos Fuentes, est né en 1928 et décédé le 15 mai 2012 à Mexico. Il est Mexicain, mais fils de Diplomate il a beaucoup voyagé et connaissait bien la France à laquelle il était attaché :  » Pour Nous, latino-américains, la France a toujours été le point d’équilibre entre le Sud hispanique réactionnaire de l’Inquisition et le Nord froid et matérialiste »

Il faut dire qu’il a fait ses études au lycée Français. Il a également été ambassadeur du Mexique en France de 1974 à 1977.: » :

A moins de trente ans il publiait déjà des nouvelles, des romans. Dès 1950 il a fondé la Revue mexicaine des littératures et une Maison d’édition. Ce fut le début d’une carrière prolifique. Une trentaine de ses livres sont traduits en français Chez Gallimard.

A partir de 1970, il accède à une renommée internationale.

Les grands thèmes qui forment la trame de son œuvre se retrouvent dans « Les Deux Rives « :

  • Les rapports Europe-Amérique
  • les va et vient de l’Histoire entre le Passé et le Présent
  • Les grands mythes de l’Humanité
  • les bienfaits du métissage culturel
  • Les Cercles du Temps :  » Le temps circule comme les courants marins où tout converge et se rejoint »

Sa traductrice, Céline Zins écrira :  » Ce que Fuentes n’aura cessé de mettre en lumière c’est justement la circularité de ce temps, ses rencontres surprenantes et ses télescopages sans fin. »

Il a dit être très influencé par Borges :  » Borges m’a donné une immédiate et grande leçon : la nouveauté du Passé. Une chose fondamentale pour ma littérature »

La violence est également un thème récurrent dans son œuvre. Il était obsédé par la violence de la société mexicaine et portait un regard acéré sur l’organisation de la société mexicaine et l’échec de sa révolution.

Ses techniques d’écriture sont également présentes dans « Las Dos Orillas »:

  •  Les Flash-Back
  • le collage d’éléments narratifs très divers

LAS DOS ORILLAS :

« L’oranger » est le titre du livre d’où est tirés le récit « Las dos Orillas». C’est un recueil de nouvelles :

Toutes les époques s’y bousculent pour mieux souligner ce qu’elles ont en commun : la présence d’un oranger qui est le symbole des Origines, des perpétuels recommencements et du retour aux sources :

  • un conquistador qui ne veut pas conquérir
  • un autre qui a un fils d’une Indienne et un fils d’une Espagnole
  • un général Romain qui veut conquérir les Espagnols pour « Civiliser ces barbares »
  • un acteur hollywoodien qui ne se rend à Acapulco pour noyer son désespoir
  • un marin génois qui arrive en terre inconnue.

Notre Nouvelle, c’est l’Histoire de la Conquête du Mexique par Hernan Cortes, revisitée par Jerónimo de Aguilar avec toute la subjectivité de la mémoire. Il nous la raconte depuis sa tombe. Fuentes s’est inspiré du principal chroniqueur de la Conquête : Bernal Diaz Del Castillo qui cite 58 fois Jeronimo de Aguilar . Bien entendu l’Auteur ne récupère dans l’Histoire de Mexico que ce qu’il veut y voir et sert ses propres objectifs.

Ce que nous avons particulièrement retenu :

-L ‘IMPORTANCE DE LA PAROLE : Les deux principaux protagonistes de la Nouvelle sont Aguilar et Marina dite « La Malinche ». » La Malinche » est une esclave maya devenue la maîtresse de Cortes mais aussi sa Traductrice .J.de Aguilar est celui qui établit le lien entre « les deux rives » c’est à dire les 2 Cultures. C’est lui qui traduit du Maya à l’Espagnol. Avec la Malinche ils rendent possibles la communication entre Cortes et Moctezuma.

Ce sont les deux traites :

  • Aguilar reconnait avoir menti dans ses traductions mais en même temps la cruauté de ses paroles inventées transforment en réalité ce qui ne l’était pas.
  • La Malinche est haïe de son peuple mais elle va lui ravir le rôle de Premier Traducteur de Cortes en apprenant l’Espagnol.Elle aussi traduira selon ce qu’elle estime bon pour les intérêts qu’elle veut servir. Les évènements de CHOLULA illustrent parfaitement cela. Elle va jouer un rôle fondamental auprès de Cortes et c’est elle qui va faire office de langue auprès de Moctezuma. Ce dernier n’a aucun pouvoir sur ce qu’elle transmet à Cortes, « il est donc condamné à perdre le pouvoir »

LE LANGAGE EST LA CLÉ DU POUVOIR

LE RÔLE IMPORTANT DE LA RELIGION :

– LES AZTEQUES attendaient le retour d’un Dieu blanc et barbu ; Les Espagnols correspondaient à cette description.  Les chevaux ont joué un rôle important à l’appui de cette croyance car les aztèques ne connaissaient pas cet animal et les Espagnols en ont joué.

– CHOLULA en est le meilleur exemple (influence des Dieux, de la Magie et de la religion catholique) Les allusions à la religion catholique sont présentes.

Tout au long de la Nouvelle il y a confrontation entre les deux civilisations, comparaisons, descriptions ;.

– LE CHAPITRE FINAL QUI PORTE LE NUMÉRO 0 : C’est une surprise !

C’est ce qui aurait pu être et la reprise des thèmes favoris de l’auteur ! Il nous force à réfléchir sur le caractère non inéluctable de la conquête de l’Amérique.

Tout cela dans un style empreint d’humour, de sarcasmes et de truculence, sans négliger les effets de style.

Marie Odile BRAUN